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Face à la Rhune, au bord de la frontière Espagnole, photographie d’un coucher de soleil depuis le Sommet de l’Artzamendi au Pays Basque.
Nous sommes au début du mois d’avril, les plaines du Pays Basque commencent tout juste à prendre leur couleur verte si caractéristique des paysages de la région. Après une journée très orageuse rythmée par des averses de grêle, j’ai soudainement envie de prendre de l’altitude afin de réussir à dépasser cette voûte nuageuse particulièrement basse.
Bien au chaud dans notre hôtel de Cambo-les-Bains, je me mets en quête d’un sommet si possible proche et accessible avec notamment un temps de randonnée réduit… Après quelques recherches sur Google Earth et IGN, j’aperçois plusieurs jolies montagnes avec des sommets intéressants, mais rien à moins de 3 heures de marche : problème, le coucher de soleil est dans à peine plus de 4 heures !
Un sommet me semble alors abordable, à environ 20 km au sud de Cambo. Je suis d’ailleurs surpris, une route parfaitement carrossable paraît y monter… Elle permet en effet d’accéder au radar militaire installé en haut. Le temps de préparer nos sacs photo, de prévoir une veste chaude et un sandwich pour le repas du soir et nous voilà partis en direction de ce sommet inconnu.
La route est tout de suite très étonnante ! Longeant au départ le ruisseau de la Nive, elle devient soudainement minuscule et traverse une forêt très humide, où le bruit d’un torrent nous force à y descendre faire quelques photos…
Ruisseau du Laxia, Itxassou
La route se poursuit tout en prenant rapidement de l’altitude. La forêt devient moins dense et on commence à apercevoir le ciel, toujours très nuageux… J’ai peur que le coucher de soleil soit compromis, je m’attends à un flop total !
La route continue d’évoluer au travers de ce bois humide, je suis surpris de découvrir des habitations occupées, reliées par un modeste câble électrique et cette minuscule piste où deux voitures peinent à se croiser ! Sans doute un havre de paix en plein milieu d’un écrin de verdure…
La route prend d’un coup un dénivelé bien plus franc et s’élève au-dessus de la forêt. La vue se dégage complètement et on aperçoit désormais la vallée d’où nous venons. Bonne nouvelle , les nuages s’évaporent doucement et laissent apparaître un bout de ciel bleu au niveau de l’océan.
Derniers kilomètres avant le sommet. La pente est tellement raide que la voiture peine à monter et chauffe même un peu ! Nous entrons alors dans le plafond nuageux qu’on apercevait d’en bas.
Un faux-plat me permet de garer la voiture en marche-arrière, juste un peu avant le sommet.
Plongés dans la brume, on découvre le décors qui nous entoure : de grandes steppes avec des vaches et des ovins en semi-liberté, mais surtout les fameux poneys Pottok, race très ancienne et typique du Pays Basque. Utilisés pendant des siècles par les habitants de la région pour divers travaux d’agriculture, ils furent également mis au travail dans les mines.
Un peu plus haut, une avancée rocheuse fait face au vide de la vallée. En s’y approchant, on découvre un paysage digne d’un film fantastique… Des plaines voluptueuses, jonchées d’arbres tout juste en feuille ; tout est pourtant déjà si verdoyant ! La lumière de fin de journée est incroyable : les quelques nuages passant devant nos yeux forment des raies de lumière dans le ciel et laissent place à une créativité photographique infinie…
J’avais encore, quelques minutes auparavant, un doute quant à la qualité de ce spot… mais tout cela s’est vite évaporé ! Nous jouissons d’une vue à 360° et plein ouest, nous ferons face au coucher de soleil avec les montagnes formant une succession de plans… tout ce que j’aime en photo. En bonus, se dresse face à nous la Rhune, montagne emblématique du Pays Basque. C’est décidé, c’est à cet endroit que nous allons établir notre campement éphémère pour attendre et photographier le coucher de soleil qui s’annonce déjà extraordinaire.
Quelques cris au-dessus de nos têtes attirent notre attention… De grands oiseaux au vol assez lourd nous surplombent. Trop hauts pour être observés à l’œil nu, je décide de monter mon téléobjectif afin d’avoir une idée plus précise de ce qui nous surveille. J’avais déjà repéré un peu plus bas dans les rochers des os d’ovins ainsi que des grandes plumes marrons et blanches. Ayant entendu qu’il n’était pas rare de croiser certaines espèces de grands rapaces notamment en Espagne, mes interrogations furent bientôt éclaircies : nous avions bien affaire à des vautours !
Le soleil commence à descendre et raser les sommets devant nous, c’est le moment d’entrer en action ! Je prépare tout mon matériel en alignant au sol, sac ouvert, chacun de mes objectifs afin de pouvoir changer rapidement de focale en perdant un minimum de temps.
Il faut aussi penser à se couvrir, à 900 mètres d’altitude, dès que le soleil décline, un vent glacial nous rappelle qu’on est bel et bien en montagne.
Le coucher de soleil ne va durer qu’une dizaine de minutes et nous n’aurons pas de seconde chance… Les conditions sont finalement incroyables, bien plus que ce à quoi l’on s’attendait ! La lumière étant sublime, nous en profitons pour capturer quelques brefs portraits.
Nous y sommes ! À cet instant je suis alors persuadé que le coucher de soleil sera majestueux… Ce que je ne sais pas encore, c’est qu’il sera l’un des plus beaux que je photographierai. Chacun de nous s’exclame après chaque photo, tous ébahis face à ce spectacle grandiose…
Les couleurs commencent progressivement à changer de l’oranger vers le bleu et le rose. On observe le soleil disparaître discrètement derrière la Rhune, laissant place à une ambiance de blue hour…
Nous nous apprêtions à tout remballer quand soudain, en se retournant face à la Rhune, nous sommes témoins d’un spectacle que je n’avais jusqu’alors jamais eu la chance de contempler… Branle-bas de combat, on ressort tout le matériel rapidement ! Je cours chercher mon trépied afin de maximiser la stabilité des photos compte-tenu du vent fort.
L’horizon était littéralement en train de s’embraser d’une lueur rouge, presque effrayante ! Du jamais vu. Encore aujourd’hui je ne sais toujours pas quel phénomène s’est produit pour permettre l’apparition d’une telle couleur… Sans doute les tous derniers rayons de soleil ?
En quittant ce lieu, je me suis fais la promesse d’y revenir un jour bivouaquer. La magie de l’instant que nous avions vécu sur ce sommet me laissait espérer des lueurs qu’il me restait encore à découvrir. Une prochaine aventure à planifier !
Localisation du spot
Crédit photos : Aurélien Papa
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© Aurélien Papa - Tous droits réservés
2 réponses
Hello Aurélien !
Ton article m’a donné envie d’aller y faire un shooting, moi-même photographe. Du coup j’ai une question, avec tous le matos que j’aurai à prendre avec moi, est-il possible d’aller jusqu’au bout en voiture ? Et de repartir de nuit sans trop de problème ? Les routes étant sinueuses…
Merci d’avance pour ta réponse !
Bonjour Joanna, merci pour ton chouette commentaire ! C’est un plaisir si mon article et mes photos ont pu t’inspirer. Ce lieu est incroyable et à chaque fois que j’y suis retourné, j’ai découvert encore de nouvelles ambiances ! J’aimerai beaucoup le tester au lever de soleil, au printemps ce spot est juste magique… Tu pourras monter sans problème jusque tout en haut avec ton matériel. La route est toute petite et très raide, il faudra rouler au pas et faire super attention aux Pottoks qui sont chez eux ! Au plaisir de découvrir tes photos ! 😉