En quette de grands espaces et de calme, c’est sur un coup de tête qu’un ami décide de m’emmener nous ressourcer à l’ouest… C’est l’esprit empli de préjugés sur la Bretagne et sa météo que je me laisse convaincre de partir un week-end à l’aveugle, en plein mois de Janvier, découvrir un coin de nature dont jamais je n’aurais soupçonné l’existence. Amoureux de la montagne et des reliefs d’altitude, j’imagine les paysages Bretons comme plats, monotones et souvent tributaires d’une météo capricieuse… Mon ami Charles tente de me rassurer en m’expliquant qu’un photographe doit pouvoir tirer sa force de son adaptation aux situations météorologiques. Ainsi, même s’il pleut nous ne ferons pas demi-tour !
Convaincu par cette occasion unique de découvrir un lieu inconnu et de pratiquer une photographie vue d’un œil différent, on décide de profiter d’aller découvrir la presqu’île de Crozon et sa fameuse Île Vierge au lever du soleil. En effet, une fenêtre météo se présentant comme idéale devrait nous attendre dès l’aube… je regrette déjà mes à-priori !
La route est assez longue pour arriver jusqu’à ce bout de terre très justement surnommé « le bout du monde ». Une fois garés, l’approche se fait sur un chemin étroit et pentu au milieu des bruyères pendant environ 1 km, il fait très sombre et nous n’avons pas pensé aux lampes frontales… Attention aux précipices, les falaises sont là !
Après un bon moment dans l’obscurité, les premières lueurs du jour nous parviennent. Le spectacle est saisissant ! L’ombre d’un petit mont rocheux se profile devant moi faisant sortir de l’horizon la silhouette de quelques pins ; suis-je vraiment en Bretagne ?
On avance à tâtons jusqu’à ce que le soleil se lève davantage afin ne pas faire de faux-pas car les falaises sont assez abruptes. Les premières lumières révèlent un endroit d’une rare beauté. D’un sublime bleu turquoise, l’eau vient dévoiler des plages et criques isolées qui donneraient presque envie d’y descendre se baigner, peu importe la température de l’eau !
Totalement subjugué par l’endroit, je suis étonné que nous ne croisions pas plus de monde ! Peut-être est-ce dû au fait que l’on est en plein mois de Janvier !… Après quelques recherches, je vois que cet endroit est un bijou que les locaux essaient de conserver tant bien que mal de l’affluence des touristes l’été… Privilégiez ainsi venir tôt et veillez à toujours respecter la nature en emportant notamment vos déchets.
La Presqu’île de Crozon possède en effet un patrimoine géologique et naturel unique, elle est classée “Espace Remarquable de Bretagne (ERB)” depuis 2013 et fait partie de deux parcs naturels protégés : le Parc Naturel Marin d’Iroise (créé en 2007) et le Parc Naturel Régional d’Armorique (créé en 1969).
Je comprends ainsi mieux pourquoi ce paysage est aussi surprenant et qu’il est important de le préserver. D’ailleurs, la plage de l’Île Vierge me fait presque penser à « Big Sure » sur la côte Californienne aux USA, avec sa fameuse plage paradisiaque ; vous irez voir, la ressemblance est assez frappante !
Les couleurs sont un vrai régal pour la créativité d’un photographe. M’étant obligé à ne prendre avec moi qu’un objectif 35 mm et un ultra grand angle 11-16 mm, certaines photos comme celle petit du rouge-gorge venu m’observer juste derrière moi restera gravée dans mes souvenirs ! Un oiseau photographié au 35 mm en pleine nature, qui l’eût cru ?!
Nous décidons de prendre un peu de hauteur en contournant la butte centrale afin de s’approcher de l’endroit le plus sauvage et abrupt de la pointe. Les falaises tombent à pic, on entend bien le violent fracas des vagues en contre-bas.
La géologie si particulière de l’île Vierge nous transporte directement à l’Ère Primaire. Le sol est jonché de bruyères recouvrant les énormes blocs de grès armoricain (ou quartzite), si typiques de cette partie de la Bretagne.
Ayant remarqué que le soleil pourrait former un contre-jour intéressant, on entame avant de repartir un dernier détour dans la forêt de pins surplombant la plage. Ambiance méditerranéenne assurée !
Pour repartir de ce fabuleux spot, vous pouvez prendre le chemin longeant la berge afin de rejoindre Morgat… Profitez-en d’ailleurs pour y déguster un bonne galette de blé noir accompagnée d’une bolée de cidre !
Crédit photos : Aurélien Papa
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