Fin mai, nous sommes prêts ! Néanmoins, même si le dossier de voyage est bouclé, il est toujours bon de continuer les recherches, au cas où nous pourrions trouver d’autres renseignements pertinents.
Pas de mauvaise surprise de dernière minute… le grand jour est arrivé !
Nous partons le 25 Juillet 1989 de nos domiciles respectifs, avec hôtel réservé à Marseille pour être frais à l’embarquement sur le ferry, le lendemain…
Nous nous présentons à l’embarquement sur le Napoléon de la SNCM. Mon Santana n’est pas long mais haut : 1.80 m ! Ainsi, je me retrouve dans l’espace « camions »… Les motos sont parquées plus loin.
Nous accédons ensuite à nos cabines… dans lesquelles nous passerons la nuit tout habillés, au vu de l’état des matelas. Abstraction faite également de la douche, sans commentaires !
En attendant le départ du ferry, nous nous installons sur le pont…
Nous y sommes ! Il fait chaud. Nous traversons Tunis sans encombre et trouvons la direction de El Kef, notre première étape. Là, le périple démarre ! La première piste ! Le premier pique-nique avec les premières pastèques, près d’un puits inachevé.
Nous arrivons à El Kef en milieu d’après-midi. Gros village ou petite ville ?
En tous cas, pas envie de sortir la tente alors qu’un hôtel, le Sicca Vineria, se tient face à nous. Nous y réservons deux chambres, les filles d’un côté et les garçons de l’autre …
Une de nos nombreuses rigolades : c’est eau chaude sous la douche … ou électricité ! Le rapport entre les deux reste encore un mystère, mais tout le monde l’a constaté : quand on tourne le robinet d’eau chaude, la lumière saute !
Première inquiétude aussi pour cette première nuit : le 4×4 et les motos dorment évidemment dehors, à la vue de tous ; pas de garage fermé. Les motos sont enchaînées l’une à l’autre. Le matelas de mousse cache le contenu du coffre, mais cela ne suffit pas à me rassurer. J’apprendrai vite malgré tout à faire confiance à la parole des autochtones, qui nous garantissent veiller sur nos véhicules.
En l’occurrence, nous n’avons quasiment pas dormi pendant cette première nuit : c’est la saison des mariages ! Les locaux tournent toute la nuit avec leurs véhicules, souvent embarqués sur les plateaux-bennes en jouant du tambourin ! Alors autant nous immerger tout de suite : nous passerons une bonne partie de la nuit sur le balcon de nos chambres, en sirotant du coca.
Un peu plus loin, la piste nous fait passer par un village en construction. Même si nous ne roulons jamais très vite, nous ralentissons ici l’allure jusqu’au ralenti, car les ouvriers sont nombreux. Marc et Mika sentant un malaise, chacun se positionne à une portière du Santana, comme pour nous protéger … En effet, les ouvriers cessent leur travail sur notre passage et s’avancent de la voiture … Probablement que les deux blondinettes aux yeux clairs que nous sommes, les intéressent … Nous sortons sans ennui de ce village en construction.
Nous entrons vraiment dans les terres, le décor est désormais aride.
Durant cette liaison, nous longeons notamment la frontière algérienne, au pied des monts de Tebessa.
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, perdus au milieu de nulle part, nous croisons sur le bord de la piste un petit garçon qui nous fait de grands signes. Évidemment nous nous arrêtons. Celui-ci vend des pierres du désert (ce que nous souhaitions justement rapporter en souvenir) ; pour cela, il faut le suivre dans sa maison. Mika l’embarque sur sa moto et nous rejoignons la maison du petit garçon.
Nous saluons sa maman, ses frères et sœurs ; le petit nous emmène dans une grande pièce, au fond de laquelle nous rencontrons son père, allongé sur une natte. La maman nous apporte des biscuits, du lait de brebis, du thé à la menthe. Nous partageons cette collation le temps des négociations pour les pierres.
Puis, pendant que Marc et Mika creusent le matelas de mousse de petits cratères à la taille des pierres que nous avons achetées (roses des sables et quartz), Katia et moi distribuons quelques barrettes aux petites filles de la maison. Une jolie rencontre, authentique et sympathique ! Le voyage prend alors toute sa dimension humaine.
Nous repartons, la piste prend de l’altitude, et débouche sur un panorama exceptionnel : celui de l’oasis de Chebika. L’étape approche !
Cet écrin de verdure nous apparaît comme paradisiaque après une journée dans des décors arides… La détente au bord de l’eau rafraîchissante est bienvenue !
Là, nous allons connaître la tôle ondulée… les motos peuvent l’éviter en rouler sur un bord de la piste. Mais en 4×4, c’est impossible d’y échapper… Alors on pousse la vitesse… tout vibre, j’ai l’impression que le Santana va se désintégrer ! Mais à 60 km/h, les secousses se dissipent ; la voiture a trouvé sa vitesse.
Nos motards, qui ont roulé bien plus vite, nous attendent à la fin de cette portion animée.
En arrivant dans la région de Moularès, nous allons récupérer un peu dans une oasis. La chaleur accablante et les kilomètres de tôle ondulée nous ont un peu « secoués » à tous points de vue !
A Gafsa, comme d’habitude désormais, nous recherchons un hôtel. Car nous apprécions un vrai matelas pour détendre nos dos un peu éprouvés, et une douche pour éliminer sueur et poussière… sans compter le luxe de la petite lessive quotidienne pour repartir le matin avec un stock de vêtements toujours propres.
Le contrôle du Santana n’est pas superflu ce soir : une portière perd ses gonds, desserrés par les vibrations. Mais tout le reste est intact.
Nous sommes dans la région des oasis. Cette liaison est courte, facile. L’oasis est surnommée « la Corbeille de Nefta », tant elle est vaste et opulente. Les enfants y sont nombreux, ils nous rejoignent vite… et le stock de « goodies » (stylos, barrettes, porte-clé) fond rapidement !
Une des moments phare du voyage… aujourd’hui nous allons traverser le Chott El Djerid. Au moment où nous trouverons un marabout sur la piste, il nous faudra prendre au Nord-Est. Le sol de cet ancien lac est une croûte dans laquelle les pneus s’enfoncent d’une bonne dizaine de centimètres… la consommation s’en ressent !
Nos amis en moto sont arrêtés, ils nous font signe de nous écarter : ils nous évitent ainsi le dangereux écueil d’un puits juste creusé dans le sol, non saillant, et surtout non balisé.
Nous apercevons des dromadaires, la sortie du Chott approche donc. La chaleur est caniculaire, plus de 55° C…
Une liaison pénible, sous une chaleur écrasante, et dans le fech fech… l’impression de ne plus trouver de fond sous les pneus, de rouler dans du cassant très meuble… Également la liaison de la seule plantade du périple !
Sans oublier nos premiers mirages !
La première journée sans bouger, remplie par une vérification mécanique approfondie des 3 véhicules, et par une balade jusqu’au site de Matmata et ses maisons troglodytes.
Le voyage prend désormais une tournure purement touristique et balnéaire… nous allons perdre l’aspect authentique que nous avons vécu et apprécié pendant ces 8 premiers jours. La liaison est courte et facile, par la route, et avec fléchage pour Houmt Souk, sur l’île de Djerba. Nous nous installons à l’hôtel Lotos, avant de partir visiter le souk.
Ce matin, lever aux aurores, nous voulons assister au lever du soleil sur la mer… À 5h30, nous sommes sur la plage et nous attendons, un bon moment… il fait jour, mais c’est raté, car ce 4 août aura été le seul jour gris du voyage, justement ! Pas de chance…
Nous retournons au mode de vie européen dans l’hôtel Sangho Club… le confort, l’immense piscine et ses transats, les langages divers… et les moustiques, qui ne nous avaient pas incommodés jusqu’alors !
Journée de repos, et presque d’ennui, à Zarzis, sur la plage…
Plus de pistes ! Nous sommes transformés en bon touristes classiques… L’arrivée à Kairouan se fait rapidement, et nous prenons le temps de visiter cette ville close de jolies fortifications et dotée d’une belle mosquée.
Parce qu’il fallait bien connaître Hammamet, nous visitons la ville… l’usine à touristes ! Katia et moi avons d’ailleurs souvent été importunées.
Pas de plage aujourd’hui… mais la découverte de Nabeul et de ses sublimes poteries. Le coffre du Santana se charge en souvenirs !
Retour à Tunis avant l’embarquement retour pour Marseille demain. Il est impensable cependant de quitter la Tunisie sans avoir visité Carthage…
Ce matin, c’est la douche froide : la vitre avant droite du 4×4 a été fracturée. Tout le matériel a été volé : la tente, les plaques de désensablage, la glacière… et le pire : les pellicules photo, que j’entreposais dans ma portière.
Toutes les photos que j’ai faites depuis le départ de Marseille sont perdues à jamais !
L’embarquement est prévu à 10 heures ce matin, nous n’avons donc pas le temps d’aller porter plainte, et de toute façon, à quoi ça mènerait ? Nous prenons juste un moment pour colmater la vitre cassée par un grand sac plastique avant de rejoindre le ferry. Bravo le parking privé et gardé !
Nous arriverons à Marseille le 11 août.
Les seules photos que j’ai pu récupérer de ce voyage sont celles de Mika, et dont la cellule de l’appareil photo était défaillante. Malgré cela, nous sommes satisfaits de notre périple, que nous avions bien préparé ; nous ne nous sommes jamais perdus, le 4×4 et les motos se sont très bien comportés, pas de souci de santé (pas de turista, puisque pas de crudités ni d’eau hors bouteille scellée).
Crédit photos : Michaël ‘Mika’ Lamy
© Aurélien Papa - Tous droits réservés
1 réponse
Ça me rappelle de bons souvenirs, nous avons fait ce road trip en 1993…
Merci pour le reportage !!